Si vous habitez dans Hochelaga ou si vous êtes le moindrement impliqué dans des mouvements populaires, les contre-cultures ou la gauche radicale, vous connaissez probablement l’Achoppe. Le lieu existe comme repère de queers, d’anarchistes et de punks depuis près de 20 ans et en 2018 plusieurs personnes ont participé à créer un OBNL pour racheter le bâtiment et en faire un centre social autonome (CSA), avec comme idéal: en faire une oasis autonome au milieu du désert ambiant.

Depuis, le niveau d’engagement des anarchistes et de la communauté de gauche plus large varie grandement selon les périodes. Un constat les traverse cependant: le manque d’implication à long terme de la communauté dans la reproduction du lieu. L’achoppe se veut un lieu de convergence pour les luttes locales, un lieu d’échange et de rencontre entre militantEs et habitantEs du quartier, un lieu d’entraide et d’implantation. Il n’y a conflit d’usage que parce que la communauté militante radicale ne s’est pas véritablement emparée du lieu pour en faire un RÉEL centre social, vivant et implanté dans le quartier et les luttes.

Dépasser la contre-culture.

L’Achoppe traîne depuis longtemps une mauvaise réputation dans plusieurs milieux. CertainEs le trouvent trop blanc, d’autres trop sale, ou trop bruyant. On entend dire que c’est un repère d’agresseurs où se reproduisent des violences sexuelles et des problèmes de consommation excessive. Nombreuses sont les militantEs qui ont abandonné l’espoir d’un jour parvenir à changer la culture ambiante et qui se sont brûlées à torcher après le reste des utilisateurices du lieu qui s’en déresponsabilisaient. On a souvent entendu « c’est peine perdue, mieux vaut créer un autre lieu plus à notre image ». 

Si la réputation de l’Achoppe a du mal à se transformer, ce n’est pas faute des quelques militantEs qui l’investissent et mettent en place des structures et des processus pour empêcher la reproduction de ces dynamiques. Pendant ses meilleurs mois, l’Achoppe débordait d’activités et la machine roulait parce que des gens y travaillaient, y mettaient du temps et de l’amour. Ce genre de projet ne fonctionne pas tout seul et un travail monumental a été fait pour rétablir la communication avec les colocs, améliorer la culture ambiante à travers des ateliers sur le consentement, des formations de prévention des violences à caractère sexuel avec les organisateurices d’événements, une politique de prévention des violences, des procédures d’exclusion et de justice transformatrice, nettoyer, rénover et aménager l’espace pour répondre aux besoins de différents groupes et différentes capacités, trouver du cash pour pouvoir garder le lieu, monter des initiatives d’aide mutuelle ouvertes sur le quartier, et créer des projets d’éducation populaire.

Malgré tous ces efforts, force est de constater que les préjugés ont la couenne dure. Après la lune de miel du nouveau CSA (depuis 2022), les quelques personnes (majoritairement des femmes et personnes queer) qui continuent de s’y impliquer, le tiennent à bout de bras. L’Achoppe n’est pourtant pas par essence un lieu malsain. Il est à l’image de celleux qui l’investissent. Si on veut que l’Achoppe change, il faut s’y impliquer et y mettre de l’énergie.

Ceci est un appel aux anarchistes, aux autonomistes, aux communistes antiautoritaires, aux progressistes et à la communauté militante élargie à se réapproprier le lieu et à en faire ce que nous voulons qu’il soit !

À qui l’Achoppe?

On doit se compter vraiment privilégiées d’avoir accès à un tel espace, une enclave libérée au cœur de la prison capitaliste qui nous entoure. Pouvez-vous nommer un seul autre lieu qui est possédé par la communauté, accessible pour en faire des activités virtuellement gratuitement, où n’importe qui partageant les valeurs antiautoritaires, égalitaires et anti-oppressives peut venir proposer son projet, le voir naître et l’héberger aussi longtemps qu’il durera ? 

On ne se rend pas compte de la valeur d’un tel endroit, mais c’est inestimable pour l’extrême gauche ! Pourquoi un tel désintérêt pour un lieu qui appartient à la communauté et qui déborde de potentiel ? 

La bibliothèque est remplie d’ouvrages pertinents et d’archives, l’espace possède un projecteur et un écran géant (des projections politiques y étaient organisées un jeudi sur deux en 2024), un bon système de son, un jamspace, une grande cuisine fonctionnelle (bravo aux bouffes collectives un mercredi sur deux), tous les outils pour fabriquer des meubles en bois, pour souder, pour réparer tout et n’importe quoi, des outils et des pièces pour réparer et même monter son propre vélo à partir de zéro (le B-choppe à besoin de beaucoup d’amour), faire sa propre bière, faire pousser des légumes, coudre des vêtements, faire de l’art, on pourrait aussi y faire de la sérigraphie, etc. Il pourrait y avoir des permanences tous les jours, des soupers collectifs (plus qu’une fois par mois), des projections de films, des formations, des panels, des shows bénéfices, des cercles de lectures, des discussions, des théâtres de marionnettes, des répar-o-thons, des cours de muy thai, n’importe quelle activité qui nécessite un grand espace intérieur ou de petits espaces tranquilles…

Réapproprions-nous l’espace, utilisons-le à son plein potentiel et faisons-le vivre !

Il n’en tient qu’à nous de le rendre à la hauteur de nos aspirations !

Vous pouvez écrire à lachoppe@riseup.net pour proposer vos idées ou aller aux réunions du CSA qui sont un mardi sur deux dans la grande salle de l’Achoppe.

-Des anarchistes d’hochelag