ORGANISATION RÉVOLUTIONNAIRE ANARCHISTE

Groupe de discussion autour des enjeux liés à l’élargissement du mouvement

Ce texte a originellement été publié à la suite de l’assemblée du 1er octobre 20222 à titre de compte-rendu de discussions dans le processus ayant mené à la fondation de l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA). Ce processus s’est étalé sur près d’un an et demi et a rassemblée plusieurs dizaines de militant-es autour de comités de réflexion et d’assemblées publiques.

Le groupe est arrivé au consensus autour des propositions suivantes:

  • Une organisation devrait être ancrée dans les luttes réelles pour l’amélioration des conditions de vie de personnes opprimées et exploitées par le capitalisme, le colonialisme, l’impérialisme, le racisme, le cishétéropatriarcat et le capacitisme. 
  • Une organisation devrait être capable de construire différents types d’alliances que ce soit au niveau de la temporalité (long terme, dans le cadre d’un mouvement ou de façon sporadique), au niveau de l’espace (soit localement ou à distance (ROC ou à l’international)) ainsi qu’au niveau des acteurs et milieux impliqués (communautés autochtones, communautés noires et racisées, milieux syndical, communautaire et étudiant, etc.); le type d’alliance pouvant être notamment influencé par le niveau d’affinité politique avec le groupe en question. 
  • Que l’on soit transparent·e·s dans nos alliances en ce qui concerne qui on est (et donc que l’on se présente avec une définition claire) bien qu’on reste ouvert·e·s à être transformé·e·s par les communautés avec lesquelles on s’allie. 
  • Que l’un des rôles de l’organisation soit la transmission des connaissances des luttes en solidarité avec d’autres communautés, que ce soit au niveau de l’histoire, des structures des communautés (par ex. structures des communautés et nations autochtones), au niveau culturel ainsi qu’au niveau des expériences concrètes et du savoir-faire sur le terrain.

Le groupe a aussi soulevé les préoccupations suivantes :

  • Discussion sur les différences et similitudes entre les alliances avec des acteurs comme les syndicats, groupes communautaires, associations étudiantes d’une part, et avec des groupes/ communautés avec qui on est davantage dans une posture de solidarité comme les personnes racisées et noires et communautés autochtones.
  • Nous ne sommes pas les (seul·e·s) sujets révolutionnaires.
  • Importance de ne pas juste se centrer sur la lutte des classes.
  • Importance d’appuyer les luttes anticoloniales et luttes pour la défense du territoire.
  • Importance d’être en solidarité avec les personnes détenues.
  • Importance d’être en solidarité/lutte avec les ouvrier·ère·s
  • Importance d’être en lutte avec les communautés LGBTQ+.
  • Adresser les dynamiques oppressives à l’intérieur de l’organisation doit être une priorité – cela sape le potentiel de puissance.
  • Les communautés autochtones, racisées et noires ne sont pas des groupes monolithiques. Importance d’embrasser la complexité des groupes/ communautés (et donc de développer nos connaissances sur les communautés / groupes).
  • Importance de l’étude et analyse des communautés et groupes / augmenter notre compréhension. S’auto-instruire, faire perdurer les connaissances dans le temps, pour ne pas repartir à zéro à chaque fois. Formations à l’interne pour augmenter nos connaissances collectives. Cela peut inclure notamment des cours de langues (bref, des connaissances au niveau culturel), mais également des choses pratiques comme « comment être un bon camarade allié dans un blocage autochtone » (c’est aussi à nous de gérer nos camarades). Compilation des informations et chaîne des savoirs.
  • Discussion sur le fait de ne pas être dans une logique d’instrumentalisation des communautés opprimées. Nuance à apporter avec le mot « stratégique » – veut-on juste aider un groupe opprimée si cela est stratégique pour nos buts révolutionnaires?
  • Discussion – pourquoi s’allier ? S’allier ce n’est pas de la charité. Cela ne doit pas se faire par culpabilité. Nous faisons ça parce qu’on croit au projet politique des personnes opprimées en lutte. Nous faisons ça parce qu’améliorer la vie des gens est un de nos buts.
  • Certaines alliances doivent se réfléchir à long terme. Lorsqu’un mouvement démarre et qu’il n’y a pas eu de contact au préalable, c’est parfois trop tard. Il faut donc un intérêt préalable sur comment ça se passe pour ces communautés. Il faut un intérêt sincère.
  • Ne pas être juste dans les paroles, mais en situation, dans le mouvement réel, concrètement dans les lieux.
  • L’intérêt réel et sincère implique l’ouverture à se laisser transformer par les communautés et groupes avec lesquels on s’allie.
  • Discussion sur l’importance de créer des relations avec les groupes / communautés locales. Mais aussi importance de voir ce qui se passe d’important ailleurs, ça peut avoir des résonances aussi localement.
  • Les connaissances qu’on compile, acquiert, consolide, bâtit, nous permettent de traverser des moments de faible intensité, nous permettent de durer dans le temps : 1) en dehors de moments de luttes et 2) on peut perdurer et exister à travers une crise (ex. COVID). Ça permet une flexibilité pour s’adapter au contexte et une capacité augmentée pour une réponse rapide.