Les principales tendances de l'anarchisme

Voici un survol des principales tendances historiques de l’anarchisme. Sans prétendre à l’exhaustivité, cette liste est destinée à un public néophyte et constitué de courtes descriptions que l’oeil averti trouvera sans doute incomplètes. Elle devraient être complémentées avec des lectures plus approfondies et une implication concrète dans l’organisation anarchiste.

L'anarchisme collectiviste

Un peu le pilier des idées et des luttes anarchistes du XIXème siècle autour des associations de travailleureuses puis des syndicats. Le collectivisme entend que lea producteurice doit recevoir le produit intégral de son travail. La propriété des moyens de production et de distribution, et les choix doivent être sociaux et administrés par les propres travailleureuses réuni.es par affinités dans des associations. L’une des figures principales de ce courant est l’un des fondateurs de l’anarchisme occidental: Mikhael Bakounine.

L'Anarcho-individualisme
Le Post-anarchisme

Fait référence à la « post-modernité » et intègre des éléments de la théorie post-structuraliste et post-moderne, ce qui en fait une réinterprétation critique des idées anarchistes classiques comme ceux des courants vus plus haut. En gros, au lieu de se concentrer uniquement sur l’État et le capitalisme, il s’intéresse aussi aux multiples formes de pouvoir, y compris celles qui sont plus diffuses et moins visibles. On peut donc penser à l’influence de Michel Foucault, Derrida, Deleuze et Guattari dans la création et la diffusion de mouvances autonomes et insurrectionnalistes.

L'anarcho-communisme

Ou communisme libertaire, est une branche de l’anarchisme qui débute au XIXème siècle et qui s’oppose au collectivisme puisqu’elle sort de l’économie de la valeur et entend répartir les efforts et les désirs selon des principes d’auto-gestion et de démocratie directe. On la résume souvent à la phrase de Louis Le Blanc: « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Les principales figures au XIXème siècle sont Carlo Cafiero, Kropotkine et Errico Malatesta. Carlo Cafiero a d’ailleurs publié en 1878 un très bon résumé du Capital de Karl Marx:

https://fr.anarchistlibraries.net/library/cafiero-carlo-abrege-du-capital-de-karl-marx

Le Mutualisme
L'anarchisme insurrectionnel

Ce sont souvent des mouvements et collectifs qui mettent l’accent sur l’action directe, la révolte et la lutte armée comme moyens de renverser l’État et le capitalisme. Cette tendance se distingue des autres courants anarchistes, comme l’anarcho-syndicalisme ou le communisme libertaire par son rejet de l’organisation centralisée et de la politique institutionnelle, et par son choix de s’engager dans des actions violentes ou perturbatrices visant à déstabiliser les structures de pouvoir existantes. Appelés « insus » aujourd’hui, iels s’organisent le plus souvent en petits groupes clandestins et se référent moins à la lutte des classes qu’à une guerre civile permanente contre l’ordre établi.

De manière contemporaine, les insus se réfèrent souvent à Alfredo M. Bonanno qui a théorisé ces pratiques en insistant sur l’idée que la rupture avec l’État et le capitalisme doit être violente et immédiate. Il s’inspire notamment des luttes armées du mouvement autonome italien dans les années 70. Un très bon texte revient sur les événements de l’autonomie italienne et de la réflexion de Bonnano des années plus tard:

https://fr.anarchistlibraries.net/library/alfredo-m-bonanno-la-joie-armee

L'anarchisme-vert

Ou l’écologie libertaire, est une branche à la fois de l’écologie politique et de l’anarchisme social. C’est un courant qui prône le basculement vers des sociétés écologiques sans transitions (ni étatique, ni du marché). Le basculement doit se faire par les communautés, les quartiers en instaurant une démocratie directe et une autogestion des affaires communes en se délivrant du joug du marché et de l’Etat. Pour plus de détails sur les courants de l’écologie libertaire, vous pouvez consulter la page écologie dans « Ressources & outils » il y a plein de liens et de descriptions!

L'anarcho-syndicalisme

Repose sur l’idée qu’un changement social radical peut être accompli par l’organisation des travailleurs au sein de syndicats, sans l’intermédiaire de partis politiques ou d’états. L’anarcho-syndicalisme vise à construire une société égalitaire et libre, sans hiérarchies ni domination, en s’appuyant sur des formes de gestion directe et autogérée des moyens de production. Aujourd’hui, au soi-disant Canada, c’est l’Industrial Workers of the World (IWW) qui représente cette tendance. On en parle dans le podcast de l’ORAGE consacré au dépassement du travail:

https://open.spotify.com/episode/6IVlqKnINMY0VcoGaqo2YL?si=582235b4ec924685

L'anarcha-féminisme

Un courant mettant l’accent sur l’anti patriarcat pour échapper au grand classique « les questions de féminisme seront traitées pendant ou après la révolution ». Le féminisme radicale s’écarte de la gauche radicale dans les années 1970 en créant des groupes non mixtes et de permettre à toutes de participer à des groupes d’auto-conscience. En réhabilitant Emma Goldman et les groupes anarchistes dans leurs cercles de lectures, ces femmes visent une transformation vers des sociétés non hiérarchiques, non autoritaire et sans oppressions. Les anarchistes féministes des années 70 ont créent des collectifs autonomes et proposèrent un changement social profond visant à abandonner l’ensemble des dynamiques de domination en attaquant la racine bien enfouie de la domination masculine. Un résumé de l’anarcha-féminisme des années 70 par Louise Boivin:

https://fr.anarchistlibraries.net/library/louise-boivin-les-anarcha-feministes

Les mouvements autonomes

Également constituées en collectifs de petite ou moyenne taille, les autonomes préconisent de communiser ici et maintenant tout ce que l’on peut. Souvent organisé.es autour de squat et d’occupations comme les ZAD, les autonomes tendent à faire advenir le communisme en le pratiquant au quotidien dans des bases arrières et en combattant l’ordre établi dans le mouvement social.

Le mouvement s’inspire des idées anarchistes, mais également de la tradition marxiste autonome (l’opéraïsme en Italie, par exemple), des théories post-situationnistes, et des mouvements sociaux radicaux (écologie radicale, féminisme radical, etc.). Cela lui donne une pluralité idéologique et une diversité d’objectifs. En gros, c’est des insus plus « sociaux » en mettant de l’avant des modes de vie alternatifs au sein de communautés, en expérimentant des formes de vie collective, de partage des ressources et d’auto-organisation.